Trois jours. 170 kilomètres. 10.000 mètres de dénivelé positif à travers la montagne, presque sans dormir. Gaetan Honoré, coureur amateur, s’est lancé dans la folle aventure de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Une envie, un besoin pour ce rescapé de l’attentat parisien du Bataclan. Courir pour tester ses limites. Courir pour se sentir vivant. Ce soir du 13 novembre 2015, il passe plusieurs heures dans la salle de spectacle, au milieu des tirs. Projeté au sol dans la bousculade, un autre spectateur reçoit une balle sur lui. Il ne doit la vie sauve qu’à une longue immobilité, caché parmi les corps d’autres victimes. Le jeune professeur nivernais s’en tire sans blessure physique, mais traumatisé. Depuis, ce père de deux filles apprend à vivre avec les séquelles psychologiques. Hypervigilance, stress, peur de la foule, difficulté à trouver le sommeil. La course à pied est devenue son refuge, sa thérapie. Se retrouver face à soi-même, toucher, dépasser les limites de son corps. Pour se faire mal, parfois, mais surtout pour chercher l’apaisement. Après avoir témoigné lors du procès, la nécessité de tourner la page s’est imposée. L’ultra-trail du Mont-Blanc était pour lui une épreuve mythique, une mise à l’épreuve à la hauteur de sa quête de sens. Soutenu par sa famille, il s’est confronté pendant plus de 40 heures à la fatigue, à la douleur, aux doutes, sans jamais rien lâcher. Une expérience unique pour dépasser ses peurs et ses blessures.